jeudi 11 novembre 2010

Fous ou héros? novembre 2010



Ouvrir les rideaux et savoir, savoir profondément, intérieurement, instinctivement ce qu'on va trouver derrière; descendre acheter des croissants et sourire au fleuriste en passant devant sa vitrine, sauter au dessus de l'éternelle flaque d'eau en bas de chez soi sans même y réfléchir; se rendre au bureau en passant par un raccourci que personne ne connaît, manger les plats de sa mère en les savourant naturellement -sans penser au lendemain; regarder la télévision, lire le journal, lire les enseignes des magasins, rire d'une blague à la radio, d'une imitation d'un collègue de travail. Vivre naturellement, spontanément, ouvertement et sans réfléchir au sens, à la finalité et à la perception de chacun des ses actes.
Qui faut-il être pour vouloir mettre un terme à cela? Pour vouloir s'écorcher à vif? Pour commencer à mélanger de la tristesse à chaque joie? Quelle sorte d'homme change le cours de sa vie afin de stopper la spontanéité et le vécu intuitif de son existence? Quel est l'être humain réfléchi qui de son plein gré irait se placer dans une situation d'infériorité? De risque? De peur? Ou même d'extrême réflexion et de doutes?
Peut être est il un être stupide? Son ratio ne fonctionne pas à son maximum et il n'a pas bien calculé les pertes face aux gains. Mais les gains se calculent ils toujours en argent? Et à quel terme? Moyen terme? Long terme? Long terme, c'est toute une vie… ou plus?
Peut-être qu'il est fou? Il faudrait être dingue pour faucher sa vie au milieu, pour infliger ce même sort à sa famille, à ses enfants. Mais alors, pourquoi sont-ils si nombreux comme lui? La folie ne fait elle pas partie intégrante des décisions les plus importantes de ce monde? Est-ce qu'être fou c'est sortir des normes? Des chemins battus, des destins tous tracés?
Peux être est il illuminé? Ca doit être cela, il ne différencie pas entre rêve et réalité, il pense qu'il peut transposer son subconscient au conscient et forcer Jérusalem d'en bas à être Jérusalem d'en haut. Mais… six millions de juifs en 60 ans qui se retrouvent après 2000 ans, est-ce une illumination?
Peut être est il amoureux? En s'endormant le soir, il pense à elle et en se levant le matin, il s'oriente vers elle. La distance entre eux le tue. Il ne peut plus vivre seulement de romantisme et d'espoir, il veut de cette relation qu'elle soit charnelle, réelle, violente, brulante et explosive!
S'il est amoureux alors… alors, moi aussi je l'aime. Je l'aime pour son amour et ses rêves, je l'aime pour sa folie, sa stupidité et son manque de rationalisme.
Je l'aime aussi pour ce qu'il n'est pas.Il n'est pas hypocrite, il n'est pas peureux, il n'est pas lâche, il n'est pas irresponsable, il n'est pas égoïste, il n'est pas imbus de sa personne, il n'est pas narcissique, il n'est pas perdu… il n'est plus perdu.
Cette année, lui aussi, comme 2000 de ses frères de France, a décidé de sauter au dessus d'une flaque immense et ainsi, transformer cette folie en la raison la plus claire, et cet amour d'adolescent en une alliance forte et fière.Je monte donc je suis!  

Par Oren Tolédano  .co-directeur de l'agence juive France

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